dimanche 19 janvier 2020

Un S...

Hello Hello !

Je t'avais dit il y a quelques jours que je te parlerai un peu plus en détail de mes soucis de santé du collège, qui me suivront littéralement toute ma vie même si maintenant c'est beaucoup moins contraignant, mais bref, tu vas comprendre.
J'ignore si cet article va être long ou pas, car comme la majorité il n'est absolument pas préparé et est écrit en one shot, comme l'inspiration me vient.

Cette histoire commence juste avant ma rentrée au collège. Phase décisive dans la vie d'un enfant, mais la mienne ne s'est pas déroulé comme prévue. En effet j'ai fait cette année là une poussée de croissance violente de l'ordre de 5 cm en 1 mois à peine ou quelque chose comme ça. 5 cm tu vas peut être te dire que ça fait peu, mais quand tu regardes du point de vue de la colonne vertébrale d'un enfant tu te rend compte que c'est pas mal. Beaucoup plus que ce qu'elle peut supporter d'ailleurs. La mienne n'a pas supporté, comme tu peux l'imaginer.
Je ne me souviens pas des détails exactement, mais je me souviens que c'est mon médecin généraliste familial de l'époque qui a diagnostiquer que quelque chose n'allait pas pour mon dos. Il a alors conseillé à mes parents de prendre rendez-vous chez un médecin spécialisé dans un hôpital spécialisé lui aussi situé à Lyon.

C'est ce médecin là qui a diagnostiqué 2 scolioses assez violentes, ce qui fait que ma colonne vertébrale formait un S. Littéralement. Je t'assure que les radios étaient franchement pas belles à voir. Suite à la formation de cette lettre de l'alphabet avec mes os, mon bassin s'est déséquilibré et le médecin m'a dit que si on agissait pas immédiatement en me mettant un corset je finirai bossue à l'âge adulte. Youpi.
On a agit donc, forcément. Et qui dit S dit également colonne entière...
C'est à ce moment là que ma vie à basculé. Tu dois comprendre l'état d'esprit d'un enfant quand on lui apprend qu'elle va devoir passer plusieurs semaines à l'hôpital loin de sa famille et qu'en plus elle va devoir porter cet "instrument de torture" toute la journée.


Instrument de torture. C'est comme ça que je voyais ça à l'époque. Et je devais le porter 23h sur 24. Rien que ça. Une petite heure de liberté par jour. C'est tout ce dont mon corps avait droit. Une heure où tu respires normalement avant que ta cage thoracique soit de nouveau confinée dans ce bout de carbone. 
Le seul point positif c'est qu'on te laissait le choix des motifs sur ton corset. A cet âge là ça compte d'avoir un bout de plastique un minimum classe. 
Je te rassure, je portais des vêtements par dessus, du coup la seule chose qui se voyait c'est les épaules relevées de façon pas naturelle. 

L'hôpital... J'y ai passé plusieurs séjours de plusieurs semaines pendant les vacances scolaires en général. Mais le centre était pourvu d'une école pour les séjours plus longs des cas plus graves que le mien. C'est donc un centre spécialisé dans la rééducation et la réadaptation. Un hôpital normal avec bloc opératoire et tout sinon, évidemment. 
Avec un service spécialisé pour les enfants. C'est pas le bagne non plus. On avait des jeux, des télés, des livres, des activités... On s'amusait bien en fait. 
Avec deux séances de kiné par jour. Oui oui. 
Et une séance de kiné par semaine obligatoire quand je n'étais pas au centre. 

J'ai gardé ce corset quelques années, j'ai du en changer une fois entre, puisque j'avais grandi, évolué, forcément avec l'âge. 

Mais... Oui ce n'était pas assez, il y a un mais. En 4ème, lors d'une visite de contrôle annuelle, le médecin à vu que ma colonne n'évoluait plus. Le redressement s'était arrêté. Il fallait changer de méthode, du coup. Passer à un autre type de corset. 
Second mais, celui ci nécessitait que je passe 1 mois et demi dans le plâtre, des épaules au bassin. Un enfer. Un véritable enfer. 

Je ne rigole pas si je te dis qu'en écrivant ces lignes je pleure seule devant mon écran. Mais il faut que j'extériorise ça. Ce sont des souvenirs douloureux malgré tout. 

Reprenons. On m'a mit le plâtre l'été, en pleine canicule. Et il a fallut que je passe 24 ou 48h devant un chauffage pour le faire sécher. Ma mère se souvient encore de ces journées à me voir pleurer dans mon lit d'hôpital avec ce chauffage soufflant à fond braqué sur moi. 

Une fois ce calvaire passé, ce mois et demi passé enfermée dans ce plâtre, on l'a coupé pour me mettre le nouvel instrument de torture. Que voici. 


Il est magnifique hein ? Et bien j'y ai aussi passé des années enfermé dedans. Jusqu'à mon entrée en première.
Je ne sais pas exactement à quel moment j'ai pu l'enlever plus souvent ou plus longtemps exactement mais je suis passé à 22h sur 24 puis à 20h sur 24 jusqu'à arriver à pouvoir l'enlever tout une demi journée (soit 6h) et enfin à devoir le mettre que la nuit.

Et enfin... Enfin... La délivrance. Un jour on m'a annoncé que je n'avais plus besoin de corset. Ma colonne était beaucoup plus droite et mon bassin rééquilibré.
Néanmoins, ma colonne vertébrale ne sera jamais droite et je vais devoir passer en visite de contrôle à l'hôpital spécialisé tous les 5 ans jusqu'à la fin de ma vie. Pour voir si ça n'empire pas et que ça reste stable.
C'est pour ça que ce n'est plus contraignant pour moi à l'heure d'aujourd'hui.
Autre point positif, apparemment j'aurai du être sujette à des douleurs dorsales depuis ma jeunesse, mais je n'en ai pas eu. Ou très rarement. Et je n'en ai toujours pas.

Tu vois où je voulais en venir à présent, quand je te disais que le harcèlement scolaire que j'ai vécu au collège était lié à ces problèmes. Tu imagines les moqueries avec les épaules relevées en permanence, la raideur dont je faisait preuve enfermée dans ce morceau de plastique, et les reliefs sous mes vêtements.

Voila... Tu sais tout à présent.
Et mes larmes ont cessé de couler, je te rassure.

A bientôt ! Ou pas...
XOXO

2 commentaires:

  1. Oh là là tu viens de me replonger dans un sacré trip... que je suis désolée de lire ces lignes, désolée pour toi et aussi parce que je comprends totalement... pour avoir vécu la même...
    13 ans, j'apprends également qu'avoir été plus grande que la plupart de mes camarades de classe toutes ces années ne m'aura pas valu que d'être tout au fond des photos de classe. Pour moi pas de scoliose, mais une lordose et ciphose. Le jour où j'apprends que je dois porter un corset j'ai tellement pleuré toutes les larmes de mon corps que mon père m'a acheté dans la foulée mes premières places de concert et un collier des Take That que je rêvais d'avoir (ça a eu du bon au moins pour ça lol).
    Etre plâtrée et accrochée comme un bout de viande à attendre que ça sèche pour faire ce corset... un cauchemar ce moment.
    Pour moi ce sera 3 ans à le porter, au début comme toi 23h sur 24h et petit à petit de moins en moins... 3x semaine à faire de la kiné dans un centre spécialisé à l'autre bout de Rome, après l'école, avec le rythme du collège, rentrée à pas d'heure... et pourtant j'ai souvenir que je me disais qu'il y avait pire que moi au centre! Comme quoi même à 13 ans je me rends compte que j'avais déjà un sacré caractère lol
    A l'école c'était dur... ma mère m'obligeait à l'enlever 1x/semaine pour que je puisse m'habiller comme toutes les filles de mon âge parce que bon sinon c'était le tshirt sous le corset, le tshirt plus ample par dessus, le jean moche et informe par dessus encore.... elle voulait que je puisse me sentir bien même 1 j et même si c'était pas indiqué <3
    Les bobos du corset, j'en porte encore les stigmates... les vergetures aussi... les malaises par canicule romaine également... je suis même partie en voyage étude en Angleterre avec bordel!!!

    Et pourtant j'ai tenu bon... et je suis vraiment fière de moi! Ca m'a valu une belle taille de guêpe dans ma jeunesse, et des commérage et de la jalousie de la part de "camarades" qui disaient à qui voulaient l'entendre que j'étais anorexique... et non!

    Aujourd'hui? Un dos tellement droit que je suis aussi souple qu'un manche à balai looool
    Waouh le retour dans le temps que tu m'as fait vivre!!! Mais tu sais quoi? On peut vraiment dire qu'on a une sacré force de caractère pour avoir porté et supporté tout ça...

    Les séquelles ici à la base il n'y en a pas, tout va bien mais hélas mon accident du travail x années plus tard ne m'aide pas! Je remercie quand même mes parents d'avoir fait le nécessaire parce que je sais que c'était des sacrifices pour moi au jour le jour, mais que ce n'était pas facile pour eux non plus...

    Bravo à toi d'avoir osé écrire tout ça ma poulette!!! Tu peux vraiment être fière de toi!!!!

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    1. Wahou... En effet on a vécu exactement la même chose. Je porte encore les vergetures du au corset également.
      Heureusement les abcès ont eux disparus avec le temps ^^

      Je ne l'ai porté "que" 6 ans moi. C'était bien assez.
      Je ne peux que comprendre ce que tu as enduré pour avoir enduré la même chose.

      Laisses moi te dire que tu es un modèle pour moi Oli, malgré tout ce qui t'es arrivé, tu es quelqu'un d'hyper positif et tu es Ô combien bénéfique à ma vie.

      Et franchement j'espère que tu es fière de toi, car oui moi je suis fière de toi et de moi, on a réussi à traverser cette période de notre vie.

      Et encore une fois merci pour tout. Tu m'apporte énormément.

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