dimanche 19 avril 2020

Sur nos lèvres... #20

Scènes précédentes

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Disclaimer : Nous avons reprit l'univers The Mortal Instruments créé par Cassandra Clare et la série Shadowhunters. Mais pour le bien de notre histoire et y intégrer nos personnages nous avons du modifier un peu l'univers et l'histoire originale. 


Sur nos lèvres... 
Une fiction à 4 mains par Demi et Marion
Un titre proposé par Emy


(Point de vue Demi)

Je me tiens devant mon grand miroir, une tenue devant moi, toujours sur le ceintre avant de la jeter avec les autres sur le lit. Il y a tant de vêtements qu'on ne voit plus le matelas en dessous.
Ça fait une bonne heure que je suis là, à farfouiller dans mes affaires quand une première décision s'impose à moi. Essayer. Ça sera mieux que laisser mes fringues sur les ceintres. Je commence donc des recherches archéologiques entre les différentes couches de vêtements pour trouver des pièces qui iraient ensembles et m'habille devant le miroir en m'observant. Ma peau blanche, mes runes, le léger dessin de mes muscles sur mon ventre et mes bras. Vraiment, je suis sexy.
La deuxième décision est de passer à la mise en beauté. Un peu de maquillage ne fait de mal à personne, et se coiffer non plus. Et je ne fait pas exception, j'adore tout ce qui est make up. Encore plus depuis que j'ai rencontré Izzy. La guerrière fashionista m'a donner quelques astuces dès mon arrivée, ce qui nous a rapproché instantanément. Donc je m'installe devant la coiffeuse et me met au travail. Fond de teint, liner, rouge à lèvres... Puis le coiffage. Je ne sais pas trop quoi faire alors je laisse mes mains faire ce qu'elles veulent.
Après plusieurs minutes, je retourne devant mon psyché et m'examine de haut en bas. L'allure général est vraiment bien, mais quelque chose me dérange. Je passe donc derrière le paravent, change de tenue, de coiffure. Je trouve que le maquillage est bien en toute circonstance. Pas trop apprêté et plutôt sobre.
Les essayages passent et rien ne va. Même avec mes cheveux lâchés sur mes épaules, je trouve ça nul. Que me dirait Ead si elle était là ? Reste naturelle. Oui voilà ! C'est ça qu'elle dirait !
Je retourne donc à mon armoire, et ouvre l'autre porte. De ce côté, que des tenues noires. J'en passe une, mélange de tenue de combat agrémenté d'une touche de classe. Pour finir, j'enlève mon rouge à lèvres du dos de la main.
Parfait !
Je regarde l'heure. Il est encore tôt pour partir. Après quelques jours d'attente, Jonathan a accepté de me voir. Si son message de feu m'a ravi dès que je l'ai reçu, maintenant je panique. Qu'est ce que je vais lui dire ? Comme d'habitude j'agis avant de prendre le temps de réfléchir. Le stress m'envahit en même temps que ce sentiment qui me fait sourire en repensant à ses yeux bleus. Sans ranger mes affaires , je me laisse tomber sur mon lit et ferme les yeux.

J'arrive avec un peu d'avance au café indiqué par Jonathan. Je m'installe en terrasse, à l'ombre d'un parasol et commande un grand verre de jus de fruit. Les minutes s'écoulent et mon angoisse monte encore d'un cran. Jamais je n'ai ressenti une telle pression, si bien que même le bruit autour de moi paraît étouffé. J'ai mal au ventre, mon cœur bat à tout rompre.
Puis Jonathan arrive. Je ne le voit que lorsqu'il s'installe en face de moi.
- Salut.
Le soleil étincelle dans ses cheveux.
- Euh... Salut. Merci d'avoir accepté de me voir.
- Qu'est ce que tu veux ?
- Je... Je veux juste savoir qui tu es. Te connaître.
Le serveur revient avec mon verre et prend la commande de Jonathan. Il me répond en regardant au loin.
- Et qui te dit que j'en ai envie ?
- Et bien... Tu es là... Ça doit vouloir dire quelque chose.
Sa bière arrive, il en boit une gorgée.
- Tu viens que quel Institut ?
- Paris.
- Ça doit être beau.
- Ma sœur voulait découvrir l'Institut de Paris pour parfaire sa formation, je l'ai accompagné. Mais tu vois de quoi je parle. Vous, les Herondale, êtes londoniens à la base.
- Oui. Il paraît que nos familles étaient proches il y a quelques années.
- Oui, et ?
- C'est pour ça que tu déteste Jace ?
La mâchoire de Jonathan se crispe et ses yeux lancent des éclairs à peine ai-je fini ma phrase.
- Je ne veux pas parler de ton frère, et ça n'a rien à voir.
- D'accord. Ok.
Silence. Jonathan me regarde alors que je baisse les yeux sur mon verre. Je me sens rougir. Cette proximité est si troublante.
- J'ai oublié le nom de ta sœur... Il paraît qu'on s'amusait ensembles quand on était petites.
- Clarissa. Tu l'appelais Clary.
J'acquiesce. Ce nom m'est un peu familier. A mon grand étonnement Jonathan se met à me parler de sa sœur. Pendant plusieurs minutes il me raconte son amour de l'art, leurs sorties au musée du Louvre ou au Quai d'Orsay, des visites à Notre-Dame et à la Tour Eiffel. Je n'hésite pas à l'interrompre pour lui poser des questions. A l'écouter, je me rend compte qu'il tient à sa sœur autant que je tiens à mon frère. Je pense même qu'il idolâtre Clary encore plus que j'idolâtre Jace. Je bois littéralement ses paroles, sa voix est tellement belle... Et son sourire. C'est la première fois qu'il sourit depuis l'entrepôt. Un vrai sourire, loin du sourire carnassier qu'il affichait face à Jace. Un sourire à tomber.
Puis avant que je m'en rende compte, je me penche sur la table et pose un baiser rapide sur la joue de Jonathan. Quand je me rassoie, son visage exprime un mélange d’étonnement et d'incrédulité. Je baisse la tête à nouveau. Vraiment je n'arrive pas à le regarder dans les yeux. Je me sens nulle. Idiote.
- Je... Je suis désolée.
- ... Ça va.
- Je ferai mieux de te laisser...
Je règle ma boisson d'un billet déposé dans la coupelle prévu à cet effet et m’enfuie entre les passants, gênée d'avoir l'air si désespérée en sa présence.

***

A bientôt pour la suite ! Ou pas... 
XOXO

dimanche 5 avril 2020

Au risque de te surprendre...

Bonjour, Bonsoir.

Et oui pas de début enjoué aujourd'hui.
Je vais m'adresser à toi même si tu n'es pas concerné et que tu ne te sens pas visé. Mais je ne sais pas comment le tourner alors je vais le faire comme ça.
Mais tout d'abord sache que si tu respecte les règles, comme la plupart de mes amis, je t'en remercie. Sincèrement.

Seulement si je me retrouve dans cet état actuellement c'est de la faute de ceux qui se pensent plus forts que tout le monde. Invincibles. Et crois moi il y en a beaucoup.
Alors maintenant je vais m'adresser à toi, qui ne connait pas la définition du mot confinement. Toi qui pense être plus fort que ce virus. Toi qui me fait courir tous les risques, au quotidien.
Je sais que tu ne me liras pas, mais j'avais besoin de me confier, d'écrire tout ça.

Saches, qu'on est obligés d'aller "au front", en première ligne, tous les jours. On ne le fait pas par plaisir. Moi je n'ai aucune envie d'être exposée au danger comme je le suis et pourtant j'y vais. Par obligation.
Donc toi, qui t'es subitement prit de passion pour les courses car après tout c'est la seule sortie autorisée, toi qui viens acheter une simple ramette de papier et qui en plus paie en espèces, toi qui vient acheter ton pain et ta bouteille 2 ou 3 fois dans la journée, tu me fais courir tous les risques. Mais pas seulement à moi, non, à tous mes collègues, mes chefs et aux autres clients qui eux respectent les règles.
Au risque de te surprendre, derrière cet accoutrement qu'on met tous les jours pour se protéger un minimum, se cache un être humain, avec des sentiments, de la peur, de la colère. Un être humain qui, oh surprise ! N'est pas immunisé contre ce virus. Qui peut tomber n'importe quand, en entraînant dans sa chute quelques collègues innocents eux aussi.
Car non, nous n'avons pas de vaccin, comme vous tous en fait, et si un collègue attrape ce virus, une dizaine l'auront aussi, à coup sûr. Crois tu que le magasin peut tourner et ouvrir avec une dizaine d'employés absents en plus de ceux obligés de rester chez eux pour leurs enfants ? La réponse est non, cher client. Et ce jour là tu seras bien malheureux de trouver les portes de ton magasin closes car nous sommes tombés au combat. Sans la moindre reconnaissance. Du moins pas la tienne.

Ah oui, toi, qui est venu acheter une ramette de papier et m'a payé en espèces, chose la plus sale au monde, vraiment, je vais t'apprendre quelque chose. Oui le gouvernement veut une fiche différente à chaque sortie, mais si tu respecte les règles tu n'en a pas besoin de beaucoup. 2 par semaines maximum pour tes courses, 3 peut-être pour tes sorties... Ca nous amène à 5 feuilles par semaines, si mes calculs sont bons. Une ramette fait 500 feuilles, donc 100 semaines de confinement... Et tu vas me dire que tu voulais pas venir ? Que tu ne pouvais pas prévoir au moment de tes courses de la semaine ? Prends moi pour une conne...
C'est ce que j'ai l'impression d'être ces derniers temps, une sombre conne qui a peur pour rien, qui pleure pour rien, qui fait vivre un enfer à son entourage car elle est à bout de nerfs.
Et mes amies ne méritent pas ça, mais je ne suis pas en mesure de leur fournir autre chose par ta faute. Je ne suis plus que l'ombre de moi même, tu comprends ? Je ne me reconnaît plus.

Tu ne me respecte pas, tu ne respecte pas mon métier qui pourtant te permet de vivre. Je rêve de rester 3 semaines enfermée dans mon appartement de 30m2, et crois moi que tu ne me verrai pas mettre le nez dehors une seule fois pendant cette période si j'avais cette chance. Que toi tu as.
J'aimais mon métier, avant. Et maintenant je le déteste. Juste parce que je n'ai pas le droit à l'arrêt maladie, pas le droit de me retirer de la course. Burn out ou pas, craquage ou pas, je n'ai pas d'enfants donc je dois être là. Point barre. Le droit de retrait n'est pas applicable car fort heureusement, et merci à eux, nous avons toutes les mesures possibles. Pour l'instant.
Mais si tu ne le savais pas, mesures de sécurité ou pas, tu es un risque pour moi. Le risque 0 n'existe pas.
Et quand tu paies en espèces je n'ai pas le droit de refuser. Alors que je ne sais pas où tu as mit les mains avant. Et tu me touches en plus ! Non mais tu as quoi dans la cervelle ? Sérieux ! Les agences bancaires ici sont fermées au public donc si tu as de la monnaie c'est que tu as une carte bancaire... Alors paies avec ! Sérieusement !

Et pour finir, oui je suis à bout, je ne sais pas comment ça va se terminer pour moi. Par chance j'ai des amies incroyables qui ne me laisseront pas tomber. Mais elles ne méritent pas ça, pas ce que je leur fait subir tous les jours. La plupart ne me répondent même plus quand j'en parle. Elles m'ignorent et je les comprend.
Mais je me sens seule, terriblement seule. La seule chose que j'ai, aujourd'hui c'est mon travail que je déteste, toi que je déteste à ne pas respecter les règles et ma solitude triste à souhait en rentrant le soir.

Pour finir, tu m'as fait abandonner toute envie de poursuivre ce que j'avais commencé. J'ai même plus la force de publier des scènes déjà écrites de ma fiction. Je n'avais même pas la force d'écrire ça mais je me suis forcée.
Alors s'il te plait, moi je ne reste pas chez moi pour toi alors reste chez toi pour moi. Par pitié.

A bientôt... Ou pas...